Dix choses que les Canadiens doivent savoir sur le monticule de déchets radioactifs en bordure de la rivière des Outaouais

le 6 février 2024 (English version)

La rivière des Outaouais coule devant le Parlement. Cette richesse patrimoniale est un trésor naturel et historique. La région de Montréal y puise son eau potable et cette rivière est sacrée pour le peuple algonquin dont elle délimite le territoire traditionnel.


1. Le monticule se draine dans la rivière des Outaouais.

  •     Le site de l’Installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS) a été choisi en raison de sa proximité avec les sols gravement radioactifs du centre de recherche nucléaire de Chalk River. Il sera au sommet d’une colline adossée à des marécages qui se drainent dans la rivière des Outaouais, à moins d’un kilomètre de là.
  •     Le site est exposé aux tornades et aux tremblements de terre tandis que la rivière des Outaouais coule dans une ligne de faille tectonique majeure.
  •     Le substrat rocheux du site est poreux et fracturé et la nappe phréatique est très proche de la surface.

2. L’énorme monticule contiendra plus d’un million de tonnes de déchets radioactifs dangereux

  •     L’IGDPS aura la hauteur d’un édifice de sept étages sur la colline. Conçu sur le modèle d’une décharge municipale ordinaire, il aura la même superficie que 70 patinoires de hockey de la Ligue nationale.
  •     Les déchets destinés au monticule se sont accumulés pendant huit décennies d’exploitation des laboratoires de Chalk River. D’autres déchets sont importés à partir d’autres sites du Canada et de l’étranger.
  •    Cela inclut des tonnes de métaux lourds et des dizaines d’éléments radioactifs dangereux: tritium, carbone 14, strontium 90, quatre types de plutonium (un élément radioactif particulièrement dangereux en cas d’inhalation ou d’ingestion) et au moins six tonnes d’uranium.
  •     Les sources de cobalt 60 et de césium 137 présentes dans cette décharge radioactive émettront des rayonnements gamma si intenses que les travailleurs devront s’abriter derrière des écrans de plomb. L’Agence internationale de l’énergie atomique estime que ces “déchets de moyenne activité” qui devraient être entreposés en profondeur.
  •     La décharge contiendra de la dioxine, des BPC, de l’amiante, du mercure, 13 tonnes d’arsenic et des centaines de tonnes de plomb. Elle contiendra également des milliers de tonnes de cuivre et de fer, ce qui incitera les intrus à creuser dans le monticule pour les récupérer, après sa fermeture. (Plus de détails sur le contenu du monticule ici)


3. Les Premières Nations Algonquines et l’Assemblée des Premières Nations s’opposent au projet

  •     Les membres de la nation algonquine vivent dans le bassin de la rivière des Outaouais depuis des temps immémoriaux. Ils n’ont signé aucun traité, ni avec la Couronne, ni avec le gouvernement du Canada.
  •     La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones stipule qu’on “ne doit procéder à aucun entreposage ou élimination de matières dangereuses sur les territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause”.
  •     Les chefs de 10 des 11 Premières nations algonquines se sont prononcés contre le projet d’IGDPS lors d’une conférence de presse tenue à Ottawa le 20 juin 2023.
  •     Lors de l’audience finale du 10 août 2023, les Kebaowek, les Algonquins du lac Barrière et les Premières nations Kitigan Zibi Anishinabeg ont clairement indiqué qu’ils ne consentaient pas à la construction de l’IGDPS sur leur territoire non cédé.
  •     L’Assemblée des Premières Nations a adopté des résolutions pour rejeter l’IGDPS en 2018 et en 2023.


4. Ce “dépotoir” menace l’eau potable de millions de Canadiens

  •     Le site de l’IGDPS est voisin de zones humides qui se drainent dans la rivière des Outaouais, source d’eau potable pour des millions de Canadiens en aval, notamment pour Ottawa, Gatineau et pour la banlieue nord de Montréal.
  •     On prévoit que le monticule présentera des fuites pendant son exploitation et qu’il se désagrègera ensuite en raison de l’érosion.
  •     Les études prévoient plusieurs types de fuites pendant le remplissage et après la fermeture de l’installation.
  •     La station d’épuration des eaux usées de l’IGDPS rejettera des eaux contaminées riches en tritium (hydrogène radioactif). Ces effluents contiendront aussi de plus petites quantités de nombreux autres éléments radioactifs comme le plutonium ; tous ces rejets se déverseront dans la rivière des Outaouais.
  •     L’évaluation de performance du promoteur suggère que le monticule s’effondrera après sa durée de vie prévue de 550 ans. Son contenu sera rejeté dans l’environnement et dans la rivière des Outaouais.


5. Il n’existe aucun seuil sécuritaire pour la radioactivité qui s’échappera dans la rivière des Outaouais    

  • Toutes les fuites d’éléments radioactifs augmenteront les risques de malformations congénitales, de dommages génétiques, de cancers et d’autres maladies chroniques. L’Agence internationale de l’énergie atomique soutient que les déchets radioactifs doivent être isolés de la biosphère.

6. Les déchets resteront radioactifs et dangereux pendant des milliers d’années

  •     L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime que de nombreux déchets produits par les Laboratoires de Chalk River (où le gouvernement fédéral a connu des accidents de réacteurs nucléaires et mené des expériences nucléaires civiles et militaires pendant huit décennies), ont probablement une “activité intermédiaire” ou  une “forte activité”. C’est pourquoi ils doivent être enfouis à des dizaines de mètres sous terre.
  •     Selon un ancien cadre supérieur responsable des déchets radioactifs des laboratoires de Chalk River, les déchets destinés à cette installation ont une “activité intermédiaire” et doivent être placés sous terre. Il affirme que le monticule sera dangereux et radioactif pendant plusieurs milliers d’années et que les doses de radiation dépasseront les niveaux autorisés.
  •     Vingt-cinq des 31 éléments radioactifs identifiés dans l’inventaire de référence du futur monticule ont de longues demi-vies, allant de plusieurs milliers à plusieurs millions d’années. (Voir également l’inventaire autorisé.)
  •     Les déchets radioactifs survivront à la disparition de l’installation pendant plusieurs milliers d’années.

7. Cent quarante municipalités du Québec et de l’Ontario s’opposent à l’IGDPS

  •     Plus de 140 municipalités, dont Ottawa, Gatineau et Montréal ainsi que le comté de Pontiac ont adopté des résolutions pour manifester leur opposition ou leurs graves préoccupations envers ce projet.
  •     La ville d’Ottawa demandait expressément l’arrêt des importations de déchets dans la vallée de l’Outaouais. Le consortium n’a tenu aucun compte de cette demande.

8. Les contribuables canadiens paient, mais c’est un consortium multinational qui décide

  •     On a évalué en 2015 que le nettoyage du site allait coûter 8 milliards de dollars quand le gouvernement Harper a confié la gestion du site de Chalk River à la “Canadian National Energy Alliance“, un consortium multinational qui devait évacuer les déchets radioactifs de toutes les installations radioactives du gouvernement fédéral.
  •     Depuis que ce consortium a pris le relais, les contribuables canadiens ont vu exploser les coûts d’exploitation et de nettoyage des laboratoires nucléaires du Canada: de 336 millions$ par année à l’époque, ils dépassent maintenant 1,5 milliard$ par an.
  •     Les membres actuels du consortium sont AtkinsRéalis (anciennement SNC-Lavalin), qui a été radiée par la Banque mondiale pendant 10 ans et qui a fait l’objet d’accusations de fraude, de pots-de-vin et de corruption au Canada ;
    Fluor Corporation,
     basée au Texas, qui a payé 4 millions$ pour mettre fin à des allégations de fraude financière liées à des travaux de nettoyage de déchets nucléaires sur un site américain ;
    et Jacobs Engineering, basée au Texas, qui a récemment acquis CH2M, un membre initial du consortium qui a dû payer 18,5 millions$ pour échapper à des accusations criminelles fédérales relatives à un site de nettoyage nucléaire des États-Unis.

9. La construction de l’IGDPS détruira un habitat essentiel à d’espèces protégées

  •     Le site de l’IGDPS est très riche en biodiversité d’abord parce qu’il est interdit au public depuis 80 ans. En raison de la proximité de la rivière des Outaouais et du lac Perch, c’est aussi une bonne zone d’alimentation pour les grands mammifères.
  •     Les zones humides qui  flanquent cette colline fournissent un excellent habitat aux tortues mouchetées, qui sont en voie de disparition.
  •     La forêt mature du site abrite trois espèces de chauves-souris menacées et plusieurs oiseaux migrateurs en péril, dont la paruline à ailes dorées, la paruline du Canada et le bec-croisé des sapins.
  •     Les recherches menées par les autochtones révèlent qu’une population saine de loups de l’Est (espèce menacée) fréquente assidûment cet endroit. Les chercheurs autochtones ont aussi découvert trois tanières actives d’ours noirs (protégés par la loi sur la protection du poisson et de la faune sauvage de l’Ontario).
  •     En janvier 2024, la Première nation Kebaowek a écrit au ministre canadien de l’environnement et du changement climatique pour lui demander de refuser le permis de coupe à blanc pour l’IGDPS.

10. Il existerait de meilleurs façons d’éliminer ces déchets radioactifs

  •     Un examen par les pairs ARTEMIS, coordonné par l’Agence internationale de l’énergie atomique, aurait pu fournir de précieuses informations sur les meilleures manières de gérer les déchets de Chalk River.
  •     En décembre 2023, plus de 3 000 Canadiens ont signé la pétition 4676 de la Chambre des Communes demandant un tel examen ARTEMIS.
  •     Le Canada devrait construire des installations de classe mondiale pour gérer ses déchets radioactifs. Il assurerait la sécurité des Canadiens et leur  offrirait de bons emplois dans l’industrie nucléaire s’il confinait les déchets en sécurité pour les générations à venir.
  •     Les installations de classe mondiale incluraient  le conditionnement, l’étiquetage et le placement des déchets dans une installation souterraine. Ils seraient récupérables pour que les générations futures puissent les reconditionner au besoin.

Le gouvernement du Canada doit bloquer ce projet et stopper son financement.

Demandez à votre député de soutenir une telle directive. Voir la lettre envoyée à tous les députés et sénateurs le 4 février 2024 pour plus de détails.

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