Six raisons d’ARRÊTER le dépotoir radioactif de Chalk River (IGDPS)

La rivière des Outaouais est une rivière du patrimoine canadien qui coule au pied de la Colline du Parlement. Sa valeur comme site naturel et comme trésor historique est inestimable. La rivière est sacrée pour le peuple algonquin, dont elle définit le territoire traditionnel.

La rivière des Outaouais est menacée par un dépotoir géant, d’une hauteur de sept étages, conçu pour abriter un million de tonnes de déchets radioactifs. Un consortium multinational (SNC-Lavalin, Fluor et Jacobs) prévoit construire ce monticule sur les terrains des Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) près de Chalk River, en Ontario, à 150 km au nord-ouest d’Ottawa.

Les scientifiques indépendants et le public n’ont pas eu d’occasion de s’exprimer officiellement sur le projet depuis août 2017, alors que des centaines de commentaires critiques ont été soumis à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). La CCSN est l’« autorité responsable» en vertu de l’ancienne Loi canadienne sur l’évaluation environnementale et prévoit tenir une audience sur l’émission d’un permis cette année. Un Comité d’experts recommandait en 2017 que la CCSN ne soit pas chargée de l’évaluation environnementale des projets nucléaires. Le Comité avait aussi noté que la CCSN était largement perçue comme un « régulateur captif » des entreprises plutôt qu’un organisme indépendant.

L’Assemblée des Premières nations et plus de 140 municipalités du Québec et de l’Ontario ont adopté des résolutions s’opposant au dépotoir nucléaire de Chalk River.

Voici six raisons d’ARRÊTER ce projet:

1. Le site proposé est tout simplement inapte à recevoir un dépotoir, de quelque type qu’il soit. Le site est à moins d’un kilomètre de la rivière des Outaouais, qui forme la frontière entre l’Ontario et le Québec. La rivière fournit l’eau potable à des millions de Canadiens. Après avoir passé les LNC, elle coule entre Ottawa et Gatineau, au pied de la colline du Parlement, puis jusqu’à Montréal. Le site est exposé aux risques de tornades et de tremblements de terre; la rivière des Outaouais constitue d’ailleurs une ligne de faille géologique majeure. Le site est partiellement entouré de milieux humides et le substrat rocheux est poreux et fracturé.

2. Le monticule prévu contiendrait des centaines de matériaux radioactifs, des douzaines de produits chimiques dangereux et des tonnes de métaux lourds. Parmi les matériaux radioactifs destinés au monticule, on trouve du tritium, du carbone 14, du strontium 90, quatre types de plutonium (un des matériaux radioactifs les plus dangereux lorsqu’inhalé ou ingéré), et jusqu’à 80 tonnes d’uranium. Vingt-cinq des 30 radionucléides cités dans l’inventaire de radionucléides pour le monticule ont une longue durée de vie. Ces renseignements donnent à penser que le dépotoir demeurerait dangereusement radioactif pour quelque 100 000 ans.

La très grande quantité de cobalt 60 dans le dépotoir émettrait tellement de radiation gamma que les travailleurs devraient utiliser un blindage en plomb pour éviter une exposition dangereuse. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) considère le cobalt 60 à haute activité comme un « déchet de moyenne activité », qui doit être stocké en profondeur.

Le dépotoir recevrait aussi des dioxines, des BPC, de l’amiante, du mercure, jusqu’à 13 tonnes d’arsenic et des centaines de tonnes de plomb. Il contiendrait aussi des milliers de tonnes de cuivre, de fer et 33 tonnes d’aluminium, des métaux qui pourront amener des voleurs à creuser dans le monticule après la fermeture du site.

3. Le monticule laisserait s’écouler des matériaux radioactifs et dangereux dans la rivière des Outaouais durant son opération et après sa fermeture. L’énoncé des incidences environnementales décrit plusieurs des façons dont le monticule pourrait laisser fuir son contenu. On prévoit que le monticule se désintégrera avec le temps, un processus qualifié d’« évolution normale ».

4. Il n’existe pas de niveau sécuritaire d’exposition aux radiations qui s’écouleraient du monticule de Chalk River dans la rivière des Outaouais. Chacun des matériaux radioactifs qui s’échapperait du site augmenterait les risques de malformations congénitales, d’altérations génétiques, de cancer et d’autres maladies chroniques. L’AIEA considère que les déchets radioactifs doivent être soigneusement stockés à l’écart de la biosphère et non dans un monticule en surface.

5. Les normes de sécurité internationales ne permettent pas d’utiliser les décharges pour l’élimination des déchets radioactifs de “faible activité”. L’AIEA considère que seuls des déchets de très faible activité peuvent être placés dans une installation en surface, comme un dépotoir. Le Canada se déroberait à ses obligations internationales comme État membre de l’AIEA et signataire d’un traité international sur les déchets nucléaires s’il autorisait ce dépotoir à obtenir sa licence.

6. Le monticule géant de Chalk River ne réduirait pas la responsabilité légale du Canada face aux déchets nucléaires, qui s’élève déjà à 8 milliards de dollars. Il pourrait au contraire l’alourdir. La remise en état de cette colline de déchets radioactifs serait très difficile. Les coûts d’assainissement pourraient dépasser ceux de la gestion des déchets s’ils n’avaient pas été mis dans le monticule.

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