Les Premières Nations algonquines s’opposent au monticule géant de déchets radioactifs à proximité de la rivière des Outaouais sur leur territoire non cédé

enregistrement de la conférence de presse sur la CPAC

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Les Premières Nations algonquines s’opposent au monticule géant de déchets radioactifs à proximité de la rivière des Outaouais sur leur territoire non cédé

OTTAWA, le 20 juin 2023 — Aujourd’hui, les chefs de deux Premières Nations algonquines et les grandes cheffes du Conseil tribal de la Nation algonquine-anishinabeg (CTNAA) et du Secrétariat de la Nation algonquine (SNA), représentant dix des onze Premières Nations algonquines, ont enjoint le gouvernement fédéral à abandonner son projet de dépotoir massif de déchets radioactifs en surface sur le territoire algonquin non cédé à proximité de la rivière des Outaouais ou la Kichi Sibi. Elizabeth May, cheffe du Parti vert du Canada et députée de Saanich-Gulf Islands s’est jointe aux chefs et elle a vivement encouragé le gouvernement à respecter les droits des Autochtones dans ses relations avec les Premières Nations algonquines. 

Les chefs des Premières Nations Kebaowek et Kitigan Zibi Anishinabeg ont rendu public leur évaluation dirigée par les Autochtones de la proposition relative aux déchets radioactifs et de l’impact qu’aura le projet sur leur culture, la terre, l’eau et la faune. 

« La Kichi Sibi est sacrée pour nos peuples et elle se trouve au cœur de notre terre natale non cédée », a déclaré le chef Lance Haymond, de la Première Nation Kebaowek. « Les peuples algonquins n’ont jamais consenti à ce que le site de Chalk River soit utilisé pendant plus de 75 ans pour des réacteurs nucléaires et la recherche, ni qu’il devienne un dépotoir permanent de déchets radioactifs. La consultation a trop tardé et elle s’est avérée inadéquate. Nous rejetons le plan ».  

Le 10 août, les Nations algonquines présenteront leurs conclusions sur le projet « Installation de gestion des déchets près de la surface » (IGDPS) lors d’une audience de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN).  

Le chef Haymond et le chef Dylan Whiteduck de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg affirment que la CCSN n’a pas rempli son obligation de consulter. La consultation a eu lieu trop tard dans le processus et le personnel de la CCSN a traité l’IGDPS comme un fait accompli. 

Les deux chefs invoquent l’article 29(2) de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, dont le Canada est signataire, qui stipule que les Premières Nations doivent donner leur consentement libre, préalable et éclairé au stockage ou à l’élimination de déchets radioactifs sur leurs terres ou territoires. 

« Nous avons constaté que le monticule de déchets radioactifs pouvait avoir de très graves répercussions sur nos droits et intérêts autochtones », a déclaré le chef Whiteduck. « Pour avoir un sens, la consultation doit être entamée dès le début de la planification du projet. Une consultation digne de ce nom devra permettre à Kitigan Zibi Anishinabeg un consentement libre, préalable et éclairé ». 

Il a ajouté que l’emplacement de l’installation proposée inquiète beaucoup les Premières Nations. Aucune justification n’a été donnée pour établir une installation de déchets radioactifs si près de Kichi Sibi. « Nous n’avons reçu aucune explication satisfaisante sur les raisons pour lesquelles d’autres sites éloignés de la rivière n’ont pas été envisagés ». 

Selon la grande cheffe Savanna McGregor du CTNAA, qui représente sept Premières Nations algonquines, « le projet de dépotoir de déchets radioactifs s’inscrit dans une longue histoire d’assimilation et d’oppression depuis l’arrivée des Européens. Nous avons vécu des traumatismes intergénérationnels, le déplacement de notre territoire non cédé et l’exclusion historique de la prise de décision sur le site des Laboratoires de Chalk River ». 

« En tant que personnes et dirigeants présents aujourd’hui, il nous incombe de préserver et de protéger la Terre nourricière pour les générations futures. Nous ne pouvons pas risquer la destruction de la terre et de l’eau, qui assurent la vie de tous les êtres », a déclaré la grande cheffe de la SNA, Lisa Robinson, qui est aussi cheffe de la Première Nation Wolf Lake. 

AUTRES CITATIONS 

« Lorsqu’il s’agit de respecter la DNUDPA et son exigence de ‘consentement libre, préalable et éclairé,’ les gouvernements à tous les niveaux préfèrent contraindre et soudoyer les peuples autochtones. Les préoccupations des peuples autochtones ne sont honorées que lorsqu’elles sont conformes aux plans du gouvernement. Au nom du Parti vert du Canada, nous demandons au gouvernement fédéral de respecter les appels du Conseil tribal de la Nation algonquine-anishinabeg et du Secrétariat de la Nation algonquine de rejeter un site de déchets radioactifs toxiques à côté de la rivière des Outaouais ». 

– Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich-Gulf Islands 

« Le Regroupement pour la surveillance du nucléaire n’a pas la prétention de parler au nom des peuples autochtones. Mais, à titre de citoyens canadiens, nous affirmons clairement et sans équivoque que si la CCSN approuve l’IGDPS malgré l’absence de consentement libre, préalable et éclairé des Premières Nations Kebaowek et Kitigan Zibi, nous considérerons que cet acte déshonore le Canada et tous les Canadiens ». 

– Dr Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire 

« L’IGDPS ne répondrait pas à l’exigence la plus élémentaire d’une installation de gestion de déchets radioactifs, à savoir leur confinement et leur isolement. Nous apprécions grandement la position prise par les Premières Nations Kebaowek et Kitigan Zibi pour protéger leurs terres et leurs eaux pour le bien de toute vie dans le bassin versant de la rivière des Outaouais. » 

– Dr Ole Hendrickson, président de l’Ottawa River Institute et chercheur, Concerned Citizens of Renfrew County and Area 

« Nous invitons tous les alliés à manifester leur soutien au consentement libre, préalable et éclairé des peuples algonquins dans les prochaines semaines. Ce n’est là que le dernier exemple d’une histoire de colonialisme et d’absence de consentement pour le développement sur les terres autochtones ». 

– Vi Bui, organisatrice régionale, Conseil des Canadiens 

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Contacts médias : 

Justin Roy, conseiller 

Jroy@kebaowek.ca 

(819) 627-3309 

Première nation Kebaowek 

Eva Schacherl 

evaschacherl@gmail.com  

Cellulaire : 613-316-9450 

Conseil des Canadiens – Chapitre d’Ottawa 

CONTEXTE 

Les dernières soumissions des Premières Nations Kebaowek et Kitigan Zibi font état de graves préoccupations concernant les impacts que le dépotoir de déchets radioactifs aura sur la Kichi Sibi (la rivière des Outaouais), sur les générations futures et sur les droits des Autochtones. 

Les Premières Nations algonquines n’ont pas été consultées de manière significative depuis l’annonce initiale de l’évaluation environnementale du projet en 2016.  

Pendant son exploitation et après sa fermeture, l’IGDPS laisserait échapper des matières radioactives et dangereuses dans une zone humide avoisinante et dans la rivière des Outaouais, qui devraient finir par se désintégrer par un processus « d’évolution normale ». Elles pourraient aussi contaminer la rivière sous l’effet de tremblements de terre, de feux de forêt, d’inondations et de phénomènes météorologiques extrêmes. La Kichi Sibi est non seulement sacrée pour les Algonquins, mais le site de Chalk River se trouve également à proximité des sites sacrés algonquins Oiseau Rock et Pointe au Baptême. 

En 2017, l’Assemblée des Premières Nations a adopté une résolution à l’effet que la CCSN et le gouvernement canadien avaient manqué à leur obligation constitutionnelle de consulter et d’accommoder les Premières Nations en ce qui concerne l’IGDPS. La Nation Anishinabek et le Caucus iroquois ont fait une déclaration conjointe sur les déchets radioactifs, à savoir « nous devons protéger les terres, les eaux et tous les êtres vivants pour les générations futures », ne pas abandonner les déchets radioactifs, les tenir éloignés des principaux plans d’eau et ne pas en importer ou en exporter. 

Outre l’opposition des Premières Nations algonquines au projet, plus de 140 municipalités du Québec et de l’Ontario, dont Gatineau et Montréal, ainsi que d’autres voix de la société civile, s’opposent à l’IGDPS, tandis que la ville d’Ottawa a adopté une résolution de préoccupation en 2021. 

REMARQUE : l’évaluation et la soumission finale de Kebaowek et Kitigan Zibi sur l’IGDPS peuvent être consultées à l’adresse http://www.kebaowek.ca/NSDF.html. 

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