1er novembre 202
Le site proposé pour l’IGDPS de Chalk River se trouve sur le flanc d’une colline boisée escarpée, dont la base est entourée de zones humides qui se déversent dans la rivière des Outaouais, à moins d’un kilomètre de là. Cette proposition d’emplacement préoccupe vivement de nombreux détracteurs du projet, notamment les Premières nations d’Algoqnuin, plus de 150 municipalités du Québec et de l’Ontario, ainsi que de nombreux groupes de citoyens et ONG.
Le choix d’un site aussi inadapté pour l’IGDPS peut être attribué à une procédure d’implantation inadéquate qui n’a pas respecté les normes de sécurité internationales et les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont le Canada est un État membre.
Le guide de sûreté SSG-29 de l’AIEA, annexe 1, Siting of Near Surface Disposal Facilities, indique que le choix du site est une “activité fondamentalement importante dans l’élimination des déchets radioactifs”. (Réf. : https://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/Pub1637_web.pdf, p. 83)
Le SSG-29 indique que les deux premières étapes du processus de choix du site sont une “étape conceptuelle et de planification”, au cours de laquelle “les volumes de déchets et les activités projetés doivent être quantifiés”, et une “étape d’étude de la zone”, impliquant “une cartographie ou une enquête régionale”.
Le type d’installation et le site de l’ IGDPS ont été sélectionnés sans quantifier les volumes et les activités des déchets fédéraux en attente d’élimination, et sans enquête régionale, sautant ainsi les deux premières étapes identifiées dans le guide de sûreté de l’AIEA.
La proximité des structures contaminées en cours de démolition aux Laboratoires de Chalk River – et non la sécurité ou la protection de l’environnement – semble avoir été la priorité dans le choix du site de l’IGDPS. Aucune considération sérieuse n’a été accordée à d’autres sites que ceux situés sur la propriété de 3700 ha d’EACL à Chalk River.
La proximité des structures contaminées en cours de démolition aux Laboratoires de Chalk River – et non la sécurité ou la protection de l’environnement – semble avoir été la priorité dans le choix du site de l’IGDPS.
D’autres sites doivent être recherchés pour éviter le déversement rapide de substances radioactives et dangereuses dans une masse d’eau importante et pour éviter de placer les déchets dans une zone où la nappe phréatique est élevée (Réf. : CMD 22-H7, section 3.2, Évaluation des options de conception).
Les parties plates et sablonneuses de la propriété de 30 770 ha de la Base de soutien de la 4e Division du Canada Petawawa du ministère de la Défense nationale, adjacente aux Laboratoires de Chalk River, pourraient accueillir une installation en voûte de béton souterraine plus grande, moins coûteuse et plus sûre. La végétation a été enlevée sur de vastes portions de cette propriété pour créer une zone d’entraînement au parachutisme pour le Régiment aéroporté du Canada, qui a été dissous en 1995.
Il conviendrait également de mener une enquête régionale sur les terres de la Couronne afin de déterminer si les formations géologiques se prêtent à la construction d’une caverne rocheuse peu profonde.
L’exigence de sûreté SSR-5 de l’AIEA, Disposal of Radioactive Waste, indique qu’une voûte en béton enterrée ou une caverne rocheuse peu profonde pourrait contenir une gamme plus large de types de déchets qu’une installation en surface de type décharge telle que le NSDF. (Réf. : https://www-pub.iaea.org/MTCD/Publications/PDF/Pub1449_web.pdf)
La partie sud du site choisi pour l’IGDPS repose sur une caractéristique classée en 1994 comme une “zone de fracture à haute probabilité”, large de dix mètres et longue de plus d’un kilomètre – une voie d’écoulement potentielle des eaux souterraines avec des “valeurs de perméabilité supérieures de plusieurs ordres de grandeur à la masse rocheuse en vrac”. (Ref : https://www.iaac-aeic.gc.ca/050/evaluations/document/139596, p.5-109). Cette caractéristique aurait dû éliminer le site proposé de tout examen ultérieur.
Les critères initiaux de sélection du site annoncés par le promoteur auraient exclu tout site présentant une pente supérieure à 10 %. Ce critère a été modifié à 25 % pour permettre le choix du site souhaité par CNL (Ref : Near Surface Disposal Facility Site Selection Report 232-10300-TN-001 Revision 2. Oct. 2016). En fait, le site proposé pour l’IGDPS a été rejeté comme site pour les déchets très faiblement radioactifs en raison de sa pente et de son substratum rocheux exposé, avant la privatisation des Laboratoires de Chalk River.
Les critères de sélection des sites devaient également exclure les habitats critiques connus ou proposés pour les espèces inscrites sur la liste de la loi fédérale sur les espèces en péril (LEP) ou du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)”. Cependant, la construction du NSDF détruirait 30 hectares de forêts matures et semi-matures (y compris des frênes noirs en voie de disparition) qui fournissent un habitat de maternité de haute qualité à trois espèces de chauves-souris en voie de disparition (le myotis brun, le myotis du Nord et la chauve-souris tricolore) et un habitat de nidification à cinq espèces d’oiseaux en voie de disparition (la paruline du Canada, la paruline à ailes dorées, la grive des bois, le pioui de l’Est, l’engoulevent bois-pourri). Le projet aurait également des incidences négatives sur le loup de l’Est (Algonquin), une espèce clé en raison de sa prédation sur les orignaux et les cerfs, et sur les espèces aquatiques en péril telles que la tortue mouchetée.
Le site proposé pour le NSDF se trouve à flanc de colline, sur des roches fracturées, avec une nappe phréatique élevée, entouré sur trois côtés par des zones humides qui se jettent dans le lac Perch à 50 mètres de la base de la colline. Le ruisseau Perch s’écoule du lac Perch vers la rivière des Outaouais, à un kilomètre de là. L’ensemble de la propriété des Laboratoires de Chalk River – avec sa proximité de la rivière des Outaouais, sa nappe phréatique élevée, son terrain accidenté et sa roche-mère fracturée – est un très mauvais emplacement pour le stockage permanent de déchets radioactifs. Le NSDF détruirait l’habitat de nombreuses espèces à risque.
